Une cliente prise en charge par une voiture avec chauffeur Uber a ainsi affirmé sur Twitter avoir été attaquée par des chauffeurs de taxis en grève et déplore des «vitres cassées, des pneus crevés, un véhicule vandalisé et des mains en sang». Le second passager du véhicule raconte au monde.frque les chauffeurs de taxis avaient mis en place des barrages filtrants pour repérer les VTC. Les agresseurs «ont d'abord jeté de la peinture, puis ils ont cassé une des vitres passagers. Ils ont cassé le capot de la voiture et découpé un des pneus», explique ce passager. La société Uber a confirmé au Figaroque cet incident a bien eu lieu, mais n'a pas souhaité le commenter.
Un autre utilisateur de Twitter a de son côté fait part d'un incident sur l'autoroute A1: «Mon taxi attaqué à coups de pierres et d'œufs sur l'A1 par ses confrères. Presque pertes de contrôle à 100 km/heure, carrosserie cabossée.» Selon la société Chauffeur-privé, deux de ses conducteurs ont également été agressés, l'un près de la gare Montparnasse, l'autre à l'aéroport d'Orly.
En fin d'après-midi, les syndicats de taxis minoritaires ont été reçus au ministère de l'Intérieur. «On n'a rien obtenu de concret sauf la promesse de se revoir, indique au Figaro, Nordine Dahmane, secrétaire général de FO-UNCP Taxi, à la sortie de la réunion. Les discussions se poursuivent et si elles n'aboutissent pas nous reviendrons le 10 février avec une manifestation encore plus dure», promet-il déjà. «Cela s'est très mal passé, confirme Djillali Ouanfouf, responsable du SDCTP. Le ministère de l'Intérieur ne nous considère pas, l'intersyndicale appelle donc à une autre grève plus dure le 10 février aux portes de Paris et aux entrées des autoroutes.» Il regrette la mobilisation plus faible que prévu. «Nous n'avons pas eu le temps de bien préparer cette manifestation et la mobilisation sera plus importante en février car nous informerons les chauffeurs des vrais dangers des VTC», promet-il. Concernant les violences, il indique que son organisation «n'appelle à des frappes ou à des casses. Il y a des éléments incontrôlables qui ne se sont pas bien comportés. Il faut respecter le droit de manifester mais aussi celui de travailler».
Une faible mobilisation entachée de violences
D'après les autorités, les syndicats ont peiné à mobiliser. Selon la Police, «il y a 500 à 600 taxis en grève dans toute l'Ile de France dont 200 stationnés place Vauban à Paris. Le reste est réparti entre Roissy et Orly et le centre de la capitale». «Quelques petits accrochages ont eu lieu et même des interpellations et gardes à vue à Orly», poursuit-on du côté des forces de l'ordre. Nordine Dahmane a condamné les violences. «Il s'agit d'actions isolées que nous condamnons évidemment. Elles expriment l'exaspération de la profession».
«Non gréviste et je suis écoeuré de ce que j'ai vu, indique Manuel, artisan taxi depuis 22 ans. J'ai déposé un client ce matin à Roissy. Heureusement que j'avais ma gaine sur le lumineux car j'ai vu des collègues donner des coups de pied dans les voitures des non grévistes. Ils insultaient aussi les clients qui montaient à bord. Place de l'Etoile cette après-midi, les non grévistes ont aspergé d'œufs le tableau de bord et la banquette arrière d'un taxi en attente à la station. La police a du intervenir».
«Nous travaillons contre notre profession, ajoute David, lui aussi artisan taxi. Un client s'est vu refusé quatre fois une course de Saint Lazare à la rue Lepic car la course était trop faible. L'un des taxis a même demandé 40 euros. Avec de tels comportements on s'étonne que la concurrence avance».
Au total on compte désormais 8000 VTC à Paris contre 18 000 taxis. «Il est temps que les chauffeurs de taxis améliorent leur qualité de services et respectent leur clientèle en arrêtant par exemple de téléphoner ou de mettre la radio à tue tête s'indigne Nelly une cliente fidèle des taxis parisien qui consacre 300 euros par mois en moyenne à ce mode de transport. Elle se dit prête à s'abonner à une société de VTC.
«Ils n'ont plus rien à perdre»
De son côté, la CFDT Taxis parisiens concède que le passage du convoi s'est accompagné de débordements à l'encontre des voitures avec chauffeurs (VTC) et des taxis qui ont choisi de ne pas faire grève. «Il y a des insultes et des œufs lancés. Nous essayons de canaliser ceux qui veulent casser», explique Abdel Ghalfi, secrétaire général du syndicat.
Outre des jets de farine et d'œufs, le syndicat CPST déplore aussi des incidents impliquant plusieurs voitures de taxis non grévistes à proximité de la station-service Avia juste avant Orly. «Il y a de la casse, et les chauffeurs sont bousculés par des grévistes qui estiment n'avoir plus rien à perdre. C'est inadmissible», déplore Daniel Bonamy, président du CPST.
600 à 700 taxis sont partis à huit heures de l'aéroport de Roissy, selon la CFDT, quand d'autres véhicules s'étaient retrouvés à Orly. Plusieurs dizaines de voitures garées en tête des stations de taxis y ont empêché les clients de quitter les lieux par ce moyen de transport. Vers huit heures, le convoi a commencé à se diriger vers le centre de Paris, bloquant partiellement l'autoroute A6 à proximité d'Orly. Selon la direction des routes d'Ile-de-France citée par l'AFP, l'opération escargot des grévistes a également généré des embouteillages sur l'A1 et l'A106.
Les grévistes qui ont répondu à l'appel de cinq syndicats (CFDT, CGT, FO, SDCTP et CST) devaient converger dans la journée aux Invalides, dans le VIIe arrondissement de Paris. Selon les organisateurs, un millier de taxis devraient s'y retrouver.